Extraits du discours télévisé prononcé par Emmanuel Macron le 13 avril 2020 : « Je tiens à exprimer la reconnaissance de la nation à ces héros en blouse blanche, ces milliers de femmes et d'hommes admirables… » « Je veux aussi ce soir saluer le sang-froid dont vous avez fait preuve. »
Qu'avez-vous ressenti en entendant ces phrases ou en les lisant à l'instant ? Peut-être que ces mots vous ont rappelé ces moments à l'école où la ou le prof saluait les efforts d'une copine ou d'un copain qui avait travaillé dur pour le contrôle ; ou bien ces félicitations prononcées par papa ou maman, qui donnaient chaud au cœur et nous rassuraient sur leur amour et notre valeur à leur yeux ?
Si ces phrases ont éveillé des pensées, des émotions, des sensations qui datent de notre enfance et, en particulier, des rapports que nous avions avec les adultes, c'est probablement qu'elles sont venues titiller nos conditionnements affectifs, alimenter de notre besoin de reconnaissance… et par là même, éventuellement contribuer à nous maintenir dans un système de motivation qui repose sur la dépendance à des éléments extérieurs, plutôt que sur la confiance en soi et l'autonomie.
Rho c'est quand même bien la moindre des choses que le président reconnaisse le travail des personnes qui se démènent au quotidien pour lutter contre l'épidémie ! Il n'y a pas de mal à se faire du bien et quelques mots qui font plaisir sont toujours bons à prendre.
Alors, remerciements sincères d'adulte à adulte ou bien tape dans le dos paternaliste d'un parent qui félicite ses enfants uniquement quand ça l'arrange ? Voyons les mécanismes qui sont à l'œuvre.
Lorsque nous sommes bébés, nous sommes entièrement dépendants d'interventions extérieures pour subvenir à nos besoins physiologiques ou psychologiques. À ce stade, un besoin inassouvi crée une tension que seule une intervention extérieure peut apaiser, par exemple un bébé qui a faim est apaisé lorsqu'un adulte le nourrit. L'apaisement de cette tension est alors source de plaisir. En théorie, nous débutons donc dans la vie avec le schéma suivant :
Un adulte qui a une bonne confiance en soi fonctionne selon le schéma suivant :
Il répond à ses besoins par lui-même et n'agit pas en réaction à une tension. De plus, le plaisir ressenti peut être différé dans le temps.
Le passage d'un schéma de fonctionnement à l'autre se fait progressivement au cours de l'enfance et de l'adolescence. La liste des besoins évolue, ou plutôt s'allonge avec le temps, car nos besoins fondamentaux (survie, sécurité et amour/attention) restent identiques tout au long de notre vie.
Dans la pratique, la plupart du temps, de façon plus ou moins marquée, le schéma de départ ressemble plutôt à ceci :
C'est l'exemple classique des parents qui manifestent beaucoup d'affectation à leur enfant lorsque celui-ci ramène une bonne note. Si ce schéma est répété ou trop intense, alors se crée un conditionnement affectif : l'enfant croit que certains de ses besoins, notamment celui d'amour et d'attention, ne peuvent être satisfaits qu'à certaines conditions. « Pour recevoir de l'amour ou de l'attention, il faut que je sois gentil/je sois parfait/je sois sage/je n'exprime pas mes émotions désagréables… »
Lors de la transition vers le fonctionnement adulte, nous nous détachons peu à peu de ces conditionnements affectifs. Cependant, il arrive fréquemment que, même une fois adulte, nous n'abandonnions pas complètement le schéma intégré dans notre enfance et que nous rencontrions des difficultés. Nous appliquons les exigences inconscientes de ces conditionnements ou bien nous agissons en opposition à celles-ci. Dans les deux cas, ces comportements créent des conflits intérieurs car ils ne sont pas cohérents avec ce que nous voudrions vraiment. Ces conflits intérieurs sont sources de tensions, que nous apaisons via des plaisirs immédiats (car c'est le schéma que nous intégrons dès la naissance pour faire face aux tensions) auxquels nous sommes plus ou moins dépendants et dont l'intensité et la fréquence nécessaires augmentent avec le temps. Ces plaisirs immédiats peuvent être la nourriture, la cigarette, l'alcool, les achats, la violence… et également les marques d'attention et de reconnaissance données par autrui.
Les marques d'attention et de reconnaissance ne sont pas un problème en soi. Elles peuvent cependant le devenir si elles représentent la principale source de motivation d'un individu. Ce dernier n'agit alors plus de façon autonome pour lui-même, mais uniquement pour obtenir ces marques de reconnaissance dont il est dépendant. Ce faisant il alimente un cercle vicieux : plus il agit de façon incohérente avec ce qu'il veut vraiment, plus il est en attente de reconnaissance pour apaiser les tensions crées par ses conflits intérieurs. Face à une personne qui fonctionne de la sorte, deux attitudes sont possibles :
Ne pas laisser la relation reposer sur des marques de reconnaissance, qui ne seront de toute façon jamais suffisantes, et inciter la personne à adopter un comportement d'adulte qui agit de façon autonome.
Fournir à la personne ses doses de reconnaissance, entretenir sa dépendance, et donc une situation source de tensions, souvent de souffrances (qui seront à l'origine de nombres d'autres plaisirs immédiats).
Avez-vous déjà remarqué chez-vous ces comportements ? Il n'est pas facile d'en prendre conscience car les conditionnements affectifs sont souvent profondément ancrés dans notre inconscient. La sophrologie peut vous aider à prendre conscience de vos comportements qui ne sont pas cohérents avec ce que vous voudriez vraiment. Il vous sera alors possible développer votre confiance en vous, de vous détacher de vos conditionnements affectifs, d'agir de plus en plus par et pour vous-même, en toute autonomie et sans dépendance à des éléments extérieurs. Enfin, vous l'aurez compris, plus vous satisfaites vos besoins par vous-même, moins les plaisirs immédiats sont nécessaires, il s'agit là donc d'un cheminement qui permet de se défaire des addictions.
Je vous accompagnerai avec plaisir sur ce chemin vers une plus grande confiance en vous, sentez-vous libre de me contacter pour des séances en personne sur Voiron et dans la région de Grenoble.
Et la question initiale au sujet du discours d'Emmanuel Macron ? Eh bien, je vous laisse décider de la réponse que vous préférez, en toute autonomie :)
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