Après un premier article de présentation des émotions, puis un deuxième avec des infos complémentaires sur ces dernières, je vous propose aujourd'hui d'aborder l'émotion peur.
Si vous avez lu les billets précédents, vous connaissez la première étape de cette série sur les émotions : commençons par prendre quelques instants pour nous relier à nous-même, peut-être fermer les yeux et prendre quelques respirations plus amples et plus profondes, puis demandons-nous quelle place prennent nos peurs dans notre vie. Quand le moment est venu pour nous, nous pouvons rouvrir les yeux, peut-être noter ce qui a émergé, et reprendre notre lecture.
À l'origine, la peur est l'émotion de la survie : elle nous permet d'être concentrés, attentifs à notre environnement et déclenche une réaction de protection face à un danger. Lorsque ce dernier surgit, bel et bien réel devant nous, la réaction déclenchée par la peur est de l'ordre de la fuite, du combat ou de l'inhibition. Nouspouvons également ressentir de la peur ou de l'anxiété, lorsque le danger n'est pas encore présent, mais pourrait le devenir : l'émotion vise à ce que nous anticipions la situation potentiellement dangereuse et que nous l'évitions.
Donc, nos peurs nous protègent. Nos peurs nous protègent, c'est vrai, mais ce système de protection s'est développé il y a bien longtemps — lorsque les humains étaient confrontés quotidiennement à des situations qui mettaient leur vie en danger. De nos jours, nous avons beaucoup plus rarement besoin d'un mécanisme pour assurer notre survie individuelle et pourtant ce système de protection basé sur l'émotion peur ne s'est pas mis à jour. Résultat, il continue à fonctionner comme si nous pouvions croiser un tigre à dents de sabre à chaque coin de rue et nous fournit un bon paquet de sources d'inquiétude dont on pourrait se passer, puisque seulement 8 % de nos peurs sont fondées sur une menace concrète.
Dès lors, prendre quelques instants pour regarder en face nos peurs, écouter leurs messages et identifier la situation dont elles viennent nous prévenir pour en évaluer rationnellement la dangerosité peut être grandement libérateur.
Outre la peur phobique, qui nécessite un accompagnement psychothérapeutique pour être dépassée, nos peurs par anticipation peuvent être séparées en deux catégories :
La peur par manque de maîtrise, exemple : j'ai peur de me baigner car je ne sais pas nager.
La peur par projection ou par représentation, exemple : j'ai peur d'être attaquée par un requin lorsque je me baigne dans la mer.
Face à une peur par manque de maîtrise, le comportement le plus logique consiste à prendre des mesures pour acquérir les compétences qui nous manquent — apprendre à nager dans l'exemple.
Ce sont les peurs par représentation qui nous posent problème plus souvent et nous empêchent d'agir comme nous le voudrions vraiment. Elles peuvent être liées à la peur de nos émotions désagréables, peur d'être déçue, peur d'être triste… parfois nous avons même peur d'avoir peur. Les réponses inadaptées les plus courantes face à ces peurs sont :
Le déni : la personne agit sans écouter sa peur, mais une grande partie de son énergie est consacrée à tenir à distance la peur, à la repousser.
Le submergement : la personne n'agit pas du tout, car elle ne sent pas capable de traverser la situation anticipée.
La compensation : la personne surinvestit certains aspects de sa vie (contrôle strict de toute la logistique de sa vie et de celle de ses proches, investissement démesuré dans son travail…) ou bien fait en sorte de ressentir des émotions fortes face auxquelles la peur sous-jacente semble moins désagréable (jeux de hasard, conduite à risque, sports extrêmes…)
Comme avec toutes nos émotions, la réponse adaptée, logique, face à nos peurs consiste à les accueillir et écouter leur message, puis éventuellement ajuster son comportement tout en continuant à avancer. La peur nous invite à la vigilance, pas à l'immobilisme. Par ailleurs, le fait de traverser des situations qui nous font peur, renforce notre confiance en nous et fait diminuer l'intensité de nos peurs.
La sophrologie nous apprend, entre autre, à écouter notre corps et à accueillir toutes nos sensations et perceptions de la façon la plus neutre possible. À force de pratique, nous devenons capables de laisser du temps et de l'espace à des sensations et perceptions, même celles qui sont désagréables, ce qui peut nous aider à mieux écouter et comprendre le message de nos peurs. Nous avons alors également moins peur de nos autres émotions désagréables (tristesse, déception…) puisque nous sommes mieux préparés à la traverser.
Sentez-vous libre de me contacter si vous sentez que l'accueil et la gestion de vos émotions, notamment de vos peurs, est un sujet sur lequel vous avez besoin d'être accompagné.
À bientôt pour les articles sur les autres émotions
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